• Séance du 13 février 2020

    Parler d'un lieu et d'une personne connus en faisant semblant de ne pas les connaitre et en imaginant des choses à partir d'indices  

    La porte vitrée s'ouvrit automatiquement à mon approche. Dès l'entrée il y avait une petite table pour enfants avec quelques jeux d'adresse et quelques livres. L'ensemble n'était plus d'une prime jeunesse, depuis longtemps déjà. Nombreuses avaient dû être ces petites mains potelées à les manipuler cherchant à les découvrir. Mais je me demandais quand même comment un petit aurait pu jouer ici tant elle était mal placée, dans le passage incessant des gens qui entrent ou qui sortent. A l'intérieur des étagères partout, du sol au plafond. Des boites de comprimés par centaines, des compresses, des tubes de pommade, de dentifrice, des flacons, des boites de tisanes variées pour faciliter la digestion ou le sommeil, des huiles  essentielles, des orthèses, des bas de contention. Dans un coin, un seau avec des cannes à l'intérieur, comme des fleurs dans un  vase, attendant d'être adoptées par un vieillard en mal d'équilibre. Dans le fond , un comptoir qui fait toute la largeur de la pièce, interdit l'accès au mur avec ses  étagères remplies de produits plus sensibles peut-être. Il y a là  pas moins de quatre caisses, mais sans personne derrière. Comme au supermarché des petites consoles où l'on peut, au dernier moment, prendre un stick pour les lèvres, un flacon de vernis à ongle, le traitement de saison qu'il faut absolument faire ou une pince à ongle. Juste à côté d'une des caisses deux ou trois chaises étaient offertes au public désireux d'attendre de façon un peu plus confortable lorsqu'il y a du monde. Le hasard, qui fait parfois bien les choses, les a placées juste à côté du bouquet de cannes.  Au dessus des caisses, sur le mur du fond, une caméra est là pour dissuader toute personne malveillante.  Dans l'angle opposé à la porte d'entrée une autre porte d'intérieur donne sur un local privé, sans doute la réserve ou le laboratoire. De la proviennent des voix de femmes. Il y a du monde, mais savent-elles que je suis là?

    En tournant la tête à droite , je la vois. Une femme d'âge mûr. Les cheveux roux, mi-longs, une paire de lunettes de vue, rouge et noire, sur le nez, des yeux marrons, non verts … plutôt noisettes en y regardant de plus près. Une petite lueur apparait dans ses yeux et sa bouche esquisse un léger sourire. M'est-il destiné ? Je me fais brancher à la pharmacie du village où j'habite. Elle porte un blouson côtelé, couleur vieux rose sur le dos. Il est fermé et emprisonne une écharpe aux couleurs chaudes dégradées avec du jaune d'or, de l'oranger, du mauve, un peu de violet aussi. Elle a un béret en tissu typé patchwork, vissé sur la tête. En bas elle porte un pantalon gris clair. Un jean peut-être. Elle se tient bien droite, les pieds bien ancrés dans le sol, Elle a des chaussures en cuir retourné, rouges et noires. Des chaussures plates sans talon qui  paraissent très confortables.  Look sympa, coloré, en hiver ça fait du bien. Pourquoi est-elle là? Elle a plutôt bonne mine, ne tousse pas,  ne renifle pas. Elle ne semble pas avoir besoin d'une canne. Si elle n'est pas malade, pour qui est-elle là? . A l'annulaire de sa main gauche, je vois une alliance en or blanc. La voilà donc mariée. Heureux homme. Je l'envie.   

     


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